Ce qui est honteux, ce n’est pas de ne pas savoir, mais bien de ne pas apprendre


Cette particularité de la société belge se retrouvera aussi chez nos compatriotes d’origine turque : à savoir, que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, en l’occurrence, par des compagnons partageant les mêmes vécu et ressenti. Se lever ensemble pour défendre nos intérêts, nos droits, mais aussi oser porter ensemble la responsabilité née de nos devoirs vis-à-vis des pouvoirs publics et des clients, c’est ainsi que l’on acquiert force et maturité. Cela nous fournit également les armes pour prendre des risques. Pour vivre, il faut oser prendre des risques. Et pour prendre des risques, il convient de pouvoir se tourner vers des personnes d’expérience. Un proverbe turc dit ceci : « Ce qui est honteux, ce n’est pas de ne pas savoir, mais bien de ne pas apprendre. »
Ma propre tradition démocrate-chrétienne attache beaucoup d’importance à la société civile, à la vie associative, à l’auto-organisation, et j’entends par-là des groupes issus de la société et partageant la même opinion qui s’organisent, telles que les petites et moyennes entreprises. J’éprouve donc un plaisir non dissimulé à voir des organisations allochtones comme la vôtre emprunter cette voie. Votre tradition et la mienne ont manifestement des points communs. Je suis par ailleurs convaincu que, d’une part, cela renforce vos membres, et que, d’autre part, cela facilite leur intégration au sein de la société belge. Il importe de pouvoir se sentir « chez soi », aussi bien l’un chez l’autre que, dans une plus large mesure, au sein de la société. Tel est l’objectif de l’intégration. Et nous considérons la société civile allochtone, au même titre que la société civile traditionnelle, comme l’interlocuteur par excellence.
Je ne vous qualifierais pas uniquement de courageux, mais aussi d’exemple. Un exemple à suivre pour les sociétés allochtones présentes dans notre pays, en particulier pour les jeunes qui ont besoin d’exemples d’autonomie et d’entreprenariat. L’initiative de BETIAD, dans le cadre de laquelle différentes associations d’entreprises allochtones se tendent la main et unissent leurs forcent, est une histoire on ne peut plus heureuse. Notre communauté, allochtones et autochtones réunis, a besoin d’histoires à succès de ce genre comme modèle d’inspiration. Par ailleurs, une organisation telle que BETIAD est capable d’augmenter les chances de succès des entreprises et commerçants adhérents : elle comble le fossé qui peut exister entre l’information dont dispose l’entrepreneur et celle dont disposent les organismes officiels, elle fait tomber la barrière de la langue et, qui plus est, elle accompagne l’entrepreneur sur la difficile voie de l’entreprenariat.
Et il en va des entrepreneurs allochtones comme de tout autre entrepreneur : ils sont vitaux pour l’économie belge. Mais une des plus-values dont peuvent se prévaloir les entreprises allochtones réside dans la pollinisation croisée entre les idées, les traditions et les contextes culturels différents. Ce phénomène ouvre la voie à l’innovation autant qu’il stimule. Nous ne pouvons dès lors qu’encourager l’échange des expériences, des connaissances et des réseaux.

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